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Interview de Maxime David, expert ATEX pour A2SE Conseil.

By Sébastien Taraud  15 mars 2018

Maxime David, spécialiste en management du risque et de la sécurité sur des sites industriels issus de divers secteurs d’activité, nous raconte son parcours professionnel à l’occasion d’un interview. Passionnant.

Maxime, avant de parler de tes activités au sein d’A2SE, pourrais-tu nous dire quelques mots sur ton parcours professionnel ?

Au niveau de mes études, j’ai commencé par un DUT Génie chimique, génie des procédés sur Saint-Nazaire. Ce qui m’a permis d’appréhender les notions nécessaires à la compréhension d’un procédé et des sécurités associées. Je me suis dirigé ensuite vers un DUT Génie biologique option environnement, qui m’a permis d’aborder les questions d’impact de l’industrie sur l’environnement. Au cours de ce DUT, j’ai eu l’occasion de réaliser une étude d’impact sur l’installation d’un barrage à Nangbéto au Togo pour l’ONG JVE (Jeunes Volontaires pour l’Environnement). J’ai également eu l’occasion de participer lors de cette période à des journées de sensibilisation de la population sur la catastrophe de BHOPAL, faisant 12 000 morts et plus de 300 000 victimes indirectes, suite à une explosion d’un site industriel chimique.

Échanges avec les populations du barrage de Nangbéto et sensibilisation au ministère de l’environnement du Togo pour BHOPAL (Photos A2SE Conseil)

 

Ensuite, je suis parti en Hollande sur un diplôme d’ingénieur. En effet, la Hollande avait une avance sur la question environnementale et ils avaient une autre vision pédagogique que la France à l’époque, notamment sur la partie étude de projets. Par exemple, j’ai pu participer à la création d’écoquartiers, dont on ne parlait pas encore en France. Sur la question de l’intégration de la question environnementale dans les problématiques de développement urbain, la Hollande était en avance par rapport à la France. L’ensemble de ces points a contribué à mon souhait de passer mon diplôme là-bas.

 

Projet de création d’un écoquartier pour la ville de BREDA (Photos A2SE Conseil)

 

Étant donné qu’il manquait un aspect « sécurité » dans ce parcours, j’ai décidé ensuite de revenir à Saint-Nazaire pour passer un master en qualité, santé  et environnement. J’ai eu l’occasion de développer une thèse professionnelle portant sur la question du développement durable au sein des territoires et du schéma de cohérence du territoire vis-à-vis de ces enjeux.

L’ensemble de ce parcours m’a permis de développer une vision globale sur les aspects santé, sécurité et environnement, et de comprendre qu’il y avait fort à faire au sein de nos sites industriels pour assurer la santé des travailleurs et en extérieur sur son environnement en termes d’impacts sur ces mêmes populations (Plan de prévention des risques technologies, étude de sols et étude de stratégie incendie, notamment).

Après mes études, j’ai débuté mon activité professionnelle sur la région de l’étang de Berre autour de Marseille. J’ai travaillé pour un organisme de formation spécialisé dans le domaine de la formation pour les acteurs de la pétrochimie, auprès duquel j’ai commencé à aborder la question de l’ATEX. Je faisais aussi de la prévention et de la sécurité en participant à des arrêts techniques. La région de l’étang de Berre dispose du plus gros pôle pétrochimique français, constitué de 5 raffineries. Cela m’a permis de mesurer les problématiques de coactivité sur des sites sensibles, de formation des entreprises intervenantes et d’analyse de risque spécifique. Qui plus est, sur un secteur géographique touché par l’accident marquant de La Mède en 1992. Au contact des habitants de la ville de Martigues où je résidais à l’époque, j’ai pu comprendre tout l’impact que pouvait avoir une explosion sur une population, aussi bien en terme humain qu’en terme de prévention déclenchée suite à l’explosion. Je pense entre autres à la création du MASE MEDITERANNE GIPHISE.

 

C’est donc à Martigues qu’est né ton souhait de transmettre tes connaissances, pour aider les entreprises à améliorer la santé et la sécurité au sein de leurs établissements ?

Oui, même si j’étais déjà sensibilisé sur ces questions grâce à mon père qui exerçait en tant que technicien de maintenance sur le terminal méthanier de Montoir-De-Bretagne. C’est par des échanges avec lui que je me suis notamment rendu compte qu’il y avait des vides en matière d’ATEX, cela à partir des années 70, époque à laquelle les grands donneurs d’ordre vont commencer à sous-traiter les opérations de maintenance, alors que celles-ci étaient réalisées auparavant en interne.

En effet, je me suis rendu compte que les entreprises extérieures qui viennent apporter la maintenance n’avaient pas toujours la bonne formation pour pouvoir intervenir en toute sécurité. Avec des problématiques de modes opératoires, d’analyses de risques incomplètes… C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il y avait des structures qui avaient besoin d’être accompagnées et qui avaient besoin de réponses à mettre en face de leurs problématiques sécurité.

Après mes années passées à Martigues, j’ai eu le souhait de revenir vivre dans ma région, à savoir la région de Saint-Nazaire. C’est en 2010 que j’ai rencontré Jean-Marie Legoff de Prematech Formation. Nous avions ce même désir de créer une structure susceptible de répondre aux problématiques des entreprises en prévention, santé et sécurité au travail, sous l’angle du conseil et de l’accompagnement entre autres sur le sujet ATEX. Et c’est comme ça qu’est né A2SE Conseil en 2011.

 

Quelles sont les expertises que tu as pu mettre à profit d’A2SE à sa création et quelles sont les expertises que tu as développées par la suite, avec A2SE ?

Il y a le référentiel de l’INERIS qui est paru en 2006. Ce référentiel à destination des techniciens de maintenance, permettait de répondre aux problématiques précitées et d’avoir un support de formation. Étant formé à ce référentiel par mon expérience à Martigues, j’ai d’abord utilisé cette expertise à la création d’A2SE Conseil.  Et puis à force de former sur du niveau 1, je me suis mis à former des personnes qui étaient plutôt sur de la conception de matériel, de la sélection de matériel, de la gestion de travaux, tout en acquérant un regard toujours plus poussé au niveau des normes. À la lecture de ces normes et dans le travail de ces normes avec les constructeurs, j’ai eu l’occasion de me rapprocher du CLATEX (comité de liaison sur l’ATEX) car j’avais des remontées terrain intéressantes (aspects de zonage mal effectués, conception de matériel mal réalisée) à partager. Je participe activement à ces comités et c’est la raison pour laquelle A2SE Conseil est toujours en avance sur la réglementation.

On a commencé en parallèle à avoir de la demande sur la détermination de zonage ATEX. Nous nous sommes rendus compte à cette période qu’il y avait un peu tout et n’importe quoi qui était proposé à ce sujet-là sur le marché. Avec des gens qui pouvaient réaliser du zonage sur une journée ou une demie journée, alors qu’on est la plupart du temps sur des procédés assez complexes. On a voulu proposer une prestation de service de qualité là-dessus, en proposant des notes de calcul déterminant des étendues vis-à-vis des procédés correspondants. C’est comme cela que j’ai pu développer mon expertise ATEX au-delà de l’aspect formation de départ. Aujourd’hui, A2SE travail sur 3 volets : accompagnement sur la certification du matériel ATEX, le volet zonage et puis le volet DRPCE qui est un document obligatoire depuis 2006, suite à AZF en 2001.

 

Vue cartographique des zones de surpressions causées par la détonation à la suite de l’explosion du site d’AZF (50 mbar en rose clair et 140 mbar en rose foncé) : source INERIS.

 

Au-delà de l’ATEX, nous avons développé des compétences complémentaires, comme la compétence qualité, avec la mise en place d’accompagnement et de prestations de conseil pour mettre en œuvre la certification ISO 9001 qui vise à aider les entreprises intervenantes à détenir un système qualité à faire valoir auprès de leurs clients. Nous accompagnons aussi vers la certification ISO 14001 qui vise à évaluer l’impact de sa société sur l’environnement. Dans le volet environnement, nous travaillons aussi sur de l’étude de danger, de l’étude d’impact, visant à réduire l’impact de nos sites industriels sur l’environnement. C’est d’actualité aujourd’hui et ça le sera de plus en plus demain, car on demandera toujours plus de comptes aux industriels sur les dégâts potentiels que pourraient avoir des incidents ou des accidents sur l’environnement, comme une pollution, un incendie ou autre. On veut s’attacher à développer des outils là-dessus, comme par exemple l’étude d’inflammation de cuve aérienne. On constate que certains de nos clients n’ont pas d’idée concrète de l’impact que pourrait avoir un incident , autant pour les populations alentour que sur le plan environnemental. On essaye de les accompagner en ce sens.

Enfin, nous proposons de la formation en partenariat avec Prematech, axée sur de l’analyse de risque, du plan de prévention et de la mise à disposition d’experts sur l’étude de procédé concrète ou de l’élaboration de procédure et de mode opératoire. En effet, on constate que les personnes qui géraient les modes opératoires sont parties à la retraite et bien souvent qu’elles n’ont pas été remplacées ou qu’elles n’ont pas toujours transmis leurs savoirs avant de partir. On a donc besoin d’experts pour aider les entreprises à construire des scénarios d’incidents et de mettre en face les procédures adaptées.

 

logo_Prematech

Qu’est-ce qui fait la différence chez A2SE Conseil par rapport à vos concurrents ?

Ce qui peut faire la différence, c’est que nous concevons notre métier comme de l’artisanat, en ce sens que l’on va savoir mettre le bon expert en face d’un besoin précis. Nous ne sommes pas sur des réponses formatées. Nous nous attachons à apporter la réponse la plus appropriée en fonction du besoin, même si cette réponse ne sera celle forcément attendue par le marché. Mais ce sera en tout cas celle qui nous semblera la meilleure pour faire progresser notre client en qualité et en sécurité.

En fait, ce que nos clients apprécient dans notre démarche, c’est notre côté « mouton à 3 pattes » qui nous permet d’apporter le conseil et la solution adaptée à chaque problématique, la proximité en plus.

 

Quid de la présence d’A2SE à l’international ?

Dès le début de la création d’A2SE en 2011, nous savions bien que les problématiques ATEX étaient internationales (BHOPAL, TEXAS CITY, REYNOSA et d’autres accidents le prouvent). Nous avons été présents au Moyen-Orient ou en Afrique pour aider des clients qui n’avaient pas toutes les ressources pour pouvoir répondre aux enjeux de sécurité sur leurs installations. D’autre part, nos consultants sont au moins bilingues ce qui nous permet d’intervenir à l’étranger et d’animer des sessions de formation pour les clients à l’international de l’INERIS, ou pour notre propre compte. La plupart de nos clients sont des organismes de formation qui viennent chercher des compétences chez nous, dont la possibilité de délivrer des formations en anglais.

 

Quelles sont les perspectives d’évolution pour un cabinet de conseil comme A2SE ?

Le secteur d’activité de l’énergie est en constante mutation. On voit qu’il n’y a pas une énergie qui prend le pas sur les autres.  Le nucléaire reste présent avec la problématique de l’hydrogène. Le domaine du gaz sera impacté par les problématiques liées au gaz de schiste. Car même si sa production est interdite en France aujourd’hui, le gaz de schiste constituera peut-être demain une partie de la consommation française. Il faudra bien qu’on se pose des questions à ce moment-là, sur le matériel à utiliser.

Actuellement en Europe, c’est plutôt la voie de la méthanisation qui semble avoir été choisie. Mais là c’est pareil : des questions se posent. Car aujourd’hui, les salariés, les opérateurs, les techniciens de maintenance n’ont pas le retour d’expérience que l’on peut avoir sur d’autres secteurs, d’autant que la méthanisation concerne souvent de plus petites entreprises voir des exploitants agricoles. Il faudra bien les accompagner sur de la formation, sur les procédés, sur la maintenance de leur installation ou de la détection des défauts de leur installation. Ce sont les défis d’avenir.

Et puis il y a les problématiques liées à l’hydrogène avec la pile à combustible ou les voitures à hydrogène.

Pour résumer, au niveau de notre énergie, on s’oriente soit sur l’utilisation de gaz qu’on sait déjà maîtriser mais qui vont être utilisés sur de nouveaux secteurs d’activité, soit des gaz dont on n’a pas encore la maîtrise (type hydrogène) et qui seront les énergies du futur, car elles peuvent produire plus d’énergie en un temps plus court. Dans les deux cas, il faudra réfléchir à la mise en place de la sécurité pour éviter les accidents.