L’hydrogène : un gaz à haut risque ?
Si la sécurité est une composante essentielle dans le développement de la filière de l’hydrogène, ce n’est pas pour autant un sujet au cœur des discussions. L’hydrogène par sa nature et ses propriétés présente une inflammabilité plus élevée, par rapport au méthane. Dans un contexte de fort développement, on peut donc se poser la question : l’hydrogène, un gaz à haut risque ? On vous dit tout dans cet article !
Une filière en pleine croissance
Selon les projections de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), le volume d’hydrogène consommé en France pourrait être multiplié par 6 d’ici 2050, afin d’atteindre l’objectif Zéro Carbone. Cette croissance concerne également les systèmes en opération, avec le développement accéléré des véhicules hydrogènes. Selon France Hydrogène, 300 000 voitures rouleront grâce à cette énergie en 2030, contre 400 actuellement*. Et, ce n’est que le début ! Parallèlement, on s’attend à voir dans les années à venir, une augmentation des capacités de production (la puissance des électrolyseurs par exemple) et de stockage d’hydrogène.
Autre particularité, le secteur de l’hydrogène est en pleine mutation. Aujourd’hui, cette molécule est produite à partir de procédés carbonés et essentiellement transportée sous forme gazeuse sur de courtes distances. Mais qu’en sera-t-il demain ? Nous pouvons imaginer l’émergence de nouveaux procédés de production, de nouveaux usages, avec des modes de stockage et de transport plus variés. En effet, l’hydrogène ne sera plus seulement exploité par l’industrie de la chimie ou de l’acier, il sera aussi largement utilisé dans de nombreux secteurs, que ce soit celui du bâtiment, de la mobilité ou encore de l’énergie. De plus, selon Franz LAHAIE, Chargé de mission hydrogène chez INERIS, l’exploitation de l’hydrogène comme vecteur énergétique** risque de conduire à une plus grande proximité entre les installations et le grand public.
Enfin, ce dynamisme et cette croissance font apparaître de nouveaux acteurs dans le paysage, qui ne sont pas forcément familiarisés avec l’hydrogène. Cela nous amène à nous interroger sur l’intégration de tous ces nouveaux maillons et de la responsabilité de chacun quant à la maîtrise des risques et la sécurité.
L’hydrogène : une molécule à risque…
Et si on regardait de plus près ses propriétés ? Vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’hydrogène présente des risques plus élevés que le méthane : des nuages explosifs plus grands, des explosions plus violentes (avec une vitesse de combustion 6 fois supérieure à celle du méthane) ou encore une inflammabilité plus élevée. De plus, les flammes d’hydrogène étant généralement peu visibles à haute température, il est nécessaire d’utiliser du matériel spécifique pour toute intervention.
…avec des effets redoutés
Que ce soit dans un espace confiné ou à l’extérieur, l’hydrogène est particulièrement sujet au risque de fuite. En contact d’une source inflammable, ce dernier peut entraîner des jets enflammés (dans le cas d’une dispersion sous pression) ou des risques d’explosion (dans un espace confiné et même à l’extérieur). Selon une étude menée par ARIA***, sur 213 accidents analysés impliquant de l’hydrogène, 84% concernent des incendies et/ou des explosions. Mais quelles sont les causes de ces accidents ? Toujours selon le rapport ARIA, plus de 70% des accidents impliquant de l’hydrogène et dont les causes sont connues ont une origine organisationnelle ou humaine.
Alors, quels sont les moyens pour maîtriser ces risques ?
En tant qu’expert dans le management des risques industriels et la prévention des risques ATEX depuis 2011, nous pensons que la formation reste un outil essentiel dans la maîtrise des risques. Que ce soit au niveau des ingénieurs, des techniciens ou encore du grand public, chaque acteur doit être accompagné, sensibilisé et formé sur les risques liés aux atmosphères explosives mais également sur les différents équipements et systèmes utilisés dans la filière hydrogène. Ceci est d’autant plus vrai dans un contexte de développement accéléré, où de nouveaux procédés et de nouveaux acteurs ne cessent d’émerger.
*En France
** L’hydrogène est considéré comme un « vecteur énergétique » car il offre la possibilité, après avoir été produit, d’être stocké, transporté et utilisé
***Synthèse qui se base sur l’analyse de 215 accidents répertoriés dans la base de données ARIA, impliquant de l’hydrogène et survenus avant le 1er juillet 2007.
Source : France Hydrogène / Agence Internationale de l’Energie / Ineris / ARIA