💥 Que s’est-il passé chez Arlanxeo ?
L’opération consistait à nettoyer à très haute pression un bac contenant des résidus de polymérisation. Sous l’action du jet d’eau, des résidus d’acrylonitrile et de butadiène sont projetés sous forme de fines gouttelettes. Simultanément, l’effet Lenard (électrisation par pulvérisation) génère un nuage électrostatiquement chargé. En l’absence d’atmosphère inerte, une décharge électrique enflamme le mélange : une explosion se produit.

🧪 Une ATEX créée par de l’eau ?
Ce cas est un exemple frappant d’ATEX générée par un liquide non inflammable : l’eau. Le nettoyage à très haute pression a ici joué un rôle déterminant, favorisant :
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la libération de composés inflammables,
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la création de charges électrostatiques,
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la formation d’un mélange air-substances dans la plage d’explosivité.
Le rapport du BEA-RI rappelle qu’au-delà de 500 bars, un débit > 5 L/s et un réservoir > 3 m de diamètre, le risque ATEX est élevé, même avec de l’eau.
⚠️ Les failles identifiées
Le BEA-RI souligne plusieurs facteurs contributifs :
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Absence d’analyse chimique précise du résidu avant nettoyage,
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Méconnaissance du risque électrostatique en contexte THP,
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Focalisation sur le risque toxique, au détriment du risque d’explosion,
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Liaison équipotentielle insuffisante face à l’effet Lenard,
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Pas d’étude ATEX spécifique au nettoyage.
📚 Enseignements de sécurité clés
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Penser le nettoyage dès la conception des équipements.
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Analyser finement les produits et résidus avant toute opération.
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Évaluer les risques spécifiques du THP, y compris l’électrostatique.
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Réviser les permis de travail avec une approche pluridisciplinaire.
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Former les opérateurs aux risques d’ATEX en contexte de nettoyage.
🛠️ Recommandations du BEA-RI
Pour l’exploitant Arlanxeo :
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Réduire les résidus dans les eaux de process.
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Réviser les protocoles THP et les intégrer à l’analyse ATEX.
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Améliorer l’analyse des risques et les permis de travail.
Pour le prestataire Sodi :
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Exiger des analyses récentes des produits à traiter.
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Réaliser sa propre analyse de risques.
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Vérifier l’efficacité des mises à la terre.
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Enrichir la formation sur les risques du THP en ATEX.
Conclusion
Ce retour d’expérience rappelle une évidence : la sécurité ne repose pas que sur les apparences. Nettoyer un réservoir à l’eau peut, dans un contexte ATEX, déclencher une explosion. L’incident d’Arlanxeo est un cas d’école, illustrant les limites d’une approche partielle de la gestion des risques.
Sources :
• Rapport complet du BEA-RI intitulé » Rapport d’enquête sur l’explosion d’un réservoir de stockage au sein du site industriel Arlanxeo situé à La Wantzenau (67) le 4 juillet 2024.
Article rédigé le 11.04.25 par
Sébastien Taraud